Voici l’histoire de l’homme aux dix palmes d’or, un acteur incontournable du cinéma français, connu et reconnu par la profession, mais inconnu du grand public. Cet homme c’est Jean Labadie et à travers son parcours nous allons découvrir un métier méconnu : celui de distributeur de films.
Le distributeur s’engage moralement et financièrement sur un film et cela dès la lecture du scénario où lors d’un festival national ou international. Le cœur du métier est de penser la stratégie de promotion, mais également la programmation auprès des salles de cinéma.
C’est un métier d’engagement suspendu aux résultats de 9h le mercredi au cinéma UGC Ciné Cité les Halles à Paris, véritable baromètre du marché du film qui fait les joies et les déceptions de toute l’équipe de distribution.
Ce qui est important c’est de connaitre les entrées Paris et banlieue, mais également les entrées en région. C’est l’addition de tout ça qui indique la durée de vie d’un film. Après les résultats du premier week-end, s’engage un rapport de force entre les programmateurs des salles et les programmateurs de la société de distribution pour maintenir le film à l’affiche.
L’objectif est de maintenir semaine après semaine le film distribué et surtout ne pas se faire dévorer par ses concurrents. Le distributeur de films peut aussi détenir les droits vidéo et vidéo à la demande. Malheureusement la vidéo physique n’est plus un marché qui permet de rémunérer le distributeur et la vidéo à la demande ne se développe pas assez.
Enfin, le distributeur peut également détenir les droits internationaux du film, le but étant de l’exporter sur différents territoires pour qu’il ait une carrière internationale, à l’image du fillm Parasite, Palme d’or au Festival de Cannes en 2019 et co-distribué par Jean Labadie.
Jean Labadie est donc tout cela à la fois : distributeur et exportateur de films, mais aussi producteur. Il commence sa carrière chez Transunivers Films. « Je me suis dit : “Pas mal comme nom !”, ils cherchaient un VRP. Pourquoi pas ? J’avais fait du porte-à-porte en essayant de placer des encyclopédies médicales, des assurances… Et me voilà, filant en province pour vendre le catalogue Transunivers Films aux patrons de salles. Les films ? Minables… ». (cf article de Télérama ).
Cette expérience va durer six mois, Jean Labadie fera ensuite ses armes avec Marin Karmitz chez Mk2 Diffusion. En 1986, il fonde avec Eric Heumann Paradis Films puis Bac Films, dont il est évincé en 2007. Il crée alors la même année la société Le Pacte. Il est également le fondateur de Mars Films et Wilde Side Films. C’est un découvreur de talents, un porteur de projets et un amoureux du cinéma.
Jean Labadie vient d’annoncer sa stratégie pour l’année 2021 : « On a continué à s’engager sur des films qui se tourneront en 2021 mais, au bout d’une année quasi blanche, malgré La Daronne et trois ou quatre autres films, on commence à être au bout de notre capacité à investir. » (cf article du Figaro Madame du 25 janvier 2021).
Dans l’émission du site Internet Box office pro, il nous parle de ses engagements, de son métier, mais aussi de son combat contre la piraterie, car Jean Labadie est également un homme en colère. Cela fait huit ans qu’il n’y a aucune sanction contre le piratage et qu’il n’y a pas de volonté de lutter contre la piraterie. « Dans la tête des gens c’est normal de pirater ».
Dans l’éventualité de la réouverture des salles de cinéma début avril 2021, sa société Le Pacte souhaite sortir à nouveau le film ADN de Maïwenn, sachant que les exploitants se sont engagés juste avant le deuxième confinement à le reprendre. Jean Labadie compte également sortir Le Discours de Laurent Tirard puis Ibrahim de Samir Guesmi et fin juin peut-être des films sélectionnés pour Cannes.
Jean Labadie défend la salle de cinéma et son économie. Si les salles rouvrent, les spectateurs seront au rendez-vous. Nous avons en France une production nationale et européenne, qui ne dépend pas des blockbusters américains (sachant que beaucoup des films hollywoodiens devraient continuer à se tourner vers les plateformes). Selon Jean Labadie, nous attendons une centaine de films français et quatre-vingt films américains non distribués sur les plateformes à partir d’avril 2021. Il est évident qu’il y aura un embouteillage, mais la médiatrice du cinéma et le CNC ont un rôle de régulateur et les bonnes pratiques devraient être la règle.
Souvenez-vous le 26 novembre 2020, Richard Patry, président de la Fédération Nationale des Cinémas Français FNCF, préparait la réouverture des salles de cinéma pour le 15 décembre 2020. Un protocole strict était mis en place ainsi qu’une campagne de communication, mais la réouverture des salles n’a pas eu lieu pour cause de crise sanitaire. La fermeture pour la deuxième fois des salles de cinéma met à l’arrêt tout un secteur économique, la production, la distribution et l’exploitation.
Peut-on espérer une réouverture des salles de cinéma en France pour avril 2021 ?
Et voici les 10 Palmes d’or de Jean Labadie disponibles sur le réseau des Médiathèques de Boulogne-Billancourt.
Pour en savoir plus :
- Podcast de RFI du 21 décembre 2020 (7 minutes).
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